Récit de Gaëlle qui a vécu 8 mois en Ouzbekistan. Ces lettres sont des e.mails qui racontent sa vie de tous les jours au pays des coupoles turquoise.
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La semaine dernière, je suis allée, deux soirs de suite, dans des soirées
organisées pour les touristes français. La première (lundi dernier) était pour un groupe de 18 touristes envoyés par Salaun Holidays (prononcer Salain), une agence de l'ouest de la France,
d'origine bretonne. Narguiza et moi sommes allées avec eux pour un dîner spécial organisé pour eux dans la maison d'un architecte restaurateur samarkandais célèbre, c'est lui-même qui a construit
sa maison. Dans cette famille, ils sont architectes de pères en fils et d'oncles en neveux. Le père de l'homme qui nous a reçu a restauré entre autres les oiseaux fabuleux et légendaires (les
simourgs en tadjik) de la medersa aux oiseaux de Boukhara. La maison est un véritable palais magnifique, la famille adorable, les touristes très sympas aussi.
Le deuxième repas était organisé le lendemain dans la medersa Ouloug Beg (celle de gauche quand on rentre sur le Reghistan) pour un groupe de 54 touristes français envoyés par Aida Voyages. Cette
fois-ci, tout le monde du bureau était convié au repas avec spectacle classique (musique et danse classique), bon repas, alcool à volonté et très bonne ambiance. Les touristes étaient des
bourgeois de Blois et de sa région, faisant partie du club du "Château de Blois", sans commentaires...
Ceci dit, certains étaient très sympas, et la petite dizaine de personnes à la table desquels je me suis incrustée à la fin du repas ont été fascinés par
ce que je faisais à Samarkand et ce que j'avais fait à Moscou. Ils m'ont même forcée à me pinter à la vodka avec eux. Etant bien habituée à ce breuvage séditieux, je n'ai heureusement pas eu à
déplorer une mauvaise conduite face à eux (et à tous mes collègues). Trois d'entre eux avaient un fils ou une fille habitant à Lyon.
Enfin voilà, c'était très sympa ces petits repas, il faut faire du public relations
évidemment, être bien habillée et toujours sourire, mais ça a quand même des bons côtés. Surtout que, dans ces cas-là, nos interlocuteurs sont en vacances, c'est souvent leur dernier soir, ils
ont passé un voyage merveilleux, ils ont encore Samarkand et le Reghistan plein les yeux, donc ils sont très détendus. On peut donc se permettre d'être aussi détendue avec eux.
La vie quotidienne samarcandaise est décidément très douce à vivre et purement orientale.
Ca me plait... Le soir, quand je fume ma cigarette post-prandiale (merci Carole pour ce merveilleux mot que tu m'as appris), je cueille directement, sur l'arbre du jardin de la maison, des
cerises rouges claires gorgées de sucre et de jus succulent ! Comme je le disais dans un e-mail précèdent, le bonheur est dans les prés !
Saad m'a convoquée lundi dernier pour me demander d'organiser un plan marketing pour Narguiza, Floura et Bekzod qui ne sont pas vraiment spécialisés dans le marketing. Saad m'a dit que,
connaissant la théorie du marketing et étant occidentale donc rompue à la mentalité capitaliste, je pouvais les aider à organiser un plan de marketing. Mercredi soir, je lui ai rendu un rapport
de 8 pages, à moitie en russe et à moitie en anglais. Saad parle mieux allemand et anglais que russe, donc ça nous arrive souvent de parler anglais tous les deux, et ça nous arrange !!
Vendredi, il m'a convoquée à nouveau et m'a dit que était un bon rapport, très intéressant, et nous avons discuté des propositions que j'y avais faites pour améliorer le développement de l'agence
sur le marché français (Cédric, je suis en train de me renseigner et d'étudier les possibilités d'envoyer des touristes faire du canyoning et cetera au Tadjikistan ou au
Kirghizstan).
Bref, je vous raconte ça parce que c'était le premier
travail non scolaire ou non universitaire que je rendais et que je ne savais pas du tout ce que ça valait. J'ai attendu 48 heures, tout le jeudi et tout le vendredi, qu'il m'appelle dans son
bureau pour me dire ce qu'il pensait de mon travail. Et quelle fierté de voir que je n’étais pas une toquarde !! Hi hi...
Saad a également demandé à Atham (le représentant de Sogda à Tachkent) de m'obtenir un
visa double entrée et m'a dit que si je voulais aller faire un tour au Kirghizstan (au lac d'Issyk-Koul par exemple, la région où j'ai crée l'un de mes circuits), l'agence m'aiderait sans
problème pour organiser mon voyage.
Je fais également d'autres choses à
l'agence, mais j'en parlerai une prochaine fois. L'e-mail est déjà long, vous allez finir par vous ennuyer. Trop d'informations tue l'information.
Voilà donc, vous voyez, je ne m'ennuie pas du tout dans le pays de la Sogdienne. Au
contraire, je n'ai même pas assez de temps pour me retrouver seule et réfléchir ou bien pour m'occuper de moi. Je commence à penser à mon mémoire de stage et à me demander ce que j'y mettrai.
J'ai écrit à mon professeur responsable de stage et il m'a déjà donné quelques pistes et conseils. Sympa.
Sinon concrètement, je ne suis pas en règle au niveau de la loi ouzbèke (frrr, que d’aventures !), mon enregistrement à Samarkand était valable jusqu'au
11 mai, mais entre temps, j'ai reçu mon permis de travail ouzbek, donc ça va, car il remplace l'enregistrement. Par contre, je ne suis pas en règle au niveau de mon visa, il est fini depuis le 15
mai, mon passeport est actuellement à Tachkent entre les mains d'Atham (encore lui), qui doit justement m'obtenir un visa double entrée en même temps.
Heureusement, il n'y a pas beaucoup de contrôle de la police, sauf si tu es encore plus
sombre ou encore plus bridé que la moyenne qui l'est déjà suffisamment (il faut donc le faire !). En fait, c'est le contraire de la Russie. L'Ouzbékistan n'étant pas une terre d'accueil de
réfugiés blancs (les réfugiés sont plutôt des Tadjiks ou des Kirghiz), les autorités locales n'embêtent pas ceux qui ressemblent à des Russes ou à des Occidentaux. Au contraire, ils sont même
plutôt bienveillants envers eux. Je ne crains donc pas les contrôles.
Ou
alors, il faudrait vraiment que la loi de Murphy la plus vicieuse du monde s'en mêle !!
Hier, dimanche, je me suis bien reposée, je n'ai absolument rien fait, si ce n'est lire mon livre sur la Route de la Soie et me teindre les cheveux au
henné (c'est très courant ici). Ne vous inquiétez pas, ça ne se voit pas beaucoup, j’ai les cheveux naturellement trop sombres pour que ça se voit trop.
Aujourd’hui, au bureau, j’ai du gérer ce que j’appelle une crise, c’est-à-dire un petit
problème ponctuel, au téléphone et en italien ! Pas évident du tout quand on n’a étudié l’italien que pendant un an et que l’on a presque tout oublié... Je m’en suis tout de même sortie avec pas
trop de ridicule. De toute façon, je n’avais pas le choix, je suis la seule de l’agence à baragouiner un minimum l’italien. Ou au moins, à le comprendre un peu.
Voila, c'était en direct de Samarkand, à vous Lyon.
Gagh