Récit de Gaëlle qui a vécu 8 mois en Ouzbekistan. Ces lettres sont des e.mails qui racontent sa vie de tous les jours au pays des coupoles turquoise.
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Cette route passe par le Kazakhstan (et oui, à peine arrivée en Ouzbékistan, je vais déjà faire un petit tour au Kazakhstan…), car elle a été construite à une époque où les deux pays faisaient partie d'une même entité et où l'on ne se souciait pas de savoir si cela pourrait poser un problème en cas de séparation des deux pays. On passe donc par 6 postes de contrôle : la police ouzbèke, la douane ouzbèke, la police kazakhe, la douane kazakhe et à nouveau la douane et la police ouzbèkes.
Evidemment, avec ma chance habituelle auprès des autorités des anciens pays
communistes, le premier poste de douane nous a arrêtés. C'est à la tête du client en général, et si le douanier est en train de boire son thé (donc de bonne humeur) au moment où les voitures
passent, il ne se dérangera pas pour ça.
Mais moi, j'y ai eu droit. Dialogue avec le douanier au visage très asiatique : "Vous venez d'où ?" - "De France" - "Vous allez où ?" - "A Samarkand" - "Qu'est-ce qu'il y a dans vos
bagages ?" - "Rien d'interdit" - "Passeport et déclaration de devises et d'objets dangereux ou particuliers (remplie à la douane de l'aéroport), s'il vous plaît " - "Voilà, monsieur l'agent"
- "Vous êtes mariée ?" - "Oui" - "Dommage, j'aurais bien été prétendant"…
Ses yeux se sont allumés quand il a vu que j'avais marqué 300 euros sur ma déclaration et j'ai bien eu peur qu'il me demande quelques poignées d'euros pour qu'il me fiche la paix. Heureusement,
mon air ferme et non apeuré (je pense et j'espère) a dû le dissuader.
Je porte l'alliance de ma mère à la main droite (celle des femmes mariées pour les Orthodoxes) et, dorénavant, je dirai tout le temps que je suis mariée, ça simplifie grandement la vie. Je suis également très contente de bien me débrouiller en russe, pour les occasions comme celles-ci, ça aide.
Je suis donc arrivée "sans encombre" à l'agence où Narguiza m'attendait et m'a présentée à toute l'équipe. Ils ont tous l'air sympa, d'autres plus que certains bien entendu, c'est une équipe jeune et dynamique. J'ai mangé à midi avec Narguiza et Mme Razulova, ma responsable de stage au sein de l'entreprise. Un plov, plat national, évidemment, à la cantine en face de l'agence. Délicieux !
Puis le père de Shoista, chez qui je vais loger pendant ces 6 mois, est venu chercher
mes bagages (et la propriétaire de ces mêmes bagages, exténuée par sa nuit blanche); direction mon nouveau logement pour m'installer. Et quel logement !
Ma nouvelle maison est… grandiose ! Encore mieux qu'à Rennes, tiens. Les parents de Shoista possèdent une maison dans les "nouveaux" quartiers de Samarkand. On y rentre par un portail qui donne
sur une cour intérieure et un jardin entourés par trois petites maisons et un mur élevé. Dans la première maison sur la droite, on trouve les toilettes, la salle de bain et la cuisine / salle à
manger. Ces trois pièces donnent chacune directement dehors, sur la cour.
Ensuite, la première maison à gauche est "ma" maison… Pour y accéder, on monte un petit escalier avec un palier. Quand on rentre, il y a un premier petit sas avec des plantes et un téléphone.
Puis, on rentre dans une immense pièce d'environ 30 m² avec un plafond de 5-6 mètres. C'est mon "salon", avec une table et des chaises, des canapés et fauteuils et une télé. Excusez-moi, mais je
trouve ça surréaliste de dire "ma maison", "mon salon", c'est drôle de loger dans un tel endroit en Ouzbékistan. Je m'attendais plutôt à une petite piaule d'étudiante.
A partir du salon, il y a un escalier qui monte à une mezzanine / serre très claire, grâce à des baies vitrées, et qui sert à je ne sais quoi, si ce n'est à être occupée par une magnifique table
basse en bois marqueté et par des plantes. Après le salon, nous avons ma chambre avec deux lits simples côte à côte, tables de chevets, penderie, armoire, etc.… Le tout est bien sûr recouvert par
d'immenses et magnifiques tapis ouzbeks en laine multicolores.
La troisième maison se trouve aussi sur la gauche après la mienne (les deux maisons se touchent en fait) et loge la petite famille : Kiom, le père, Gulia, la mère, Shoista, ma collègue et, je l'espère, future amie, et Aziza, une adorable petite adolescente de 15 ans. Il y a également un frère de 24 ans mais je ne l'ai pas vu, il fait des études de médecine aux Etats-Unis. La famille est très accueillante et insiste pour que je fasse "comme chez moi". Je suis nourrie, logée, blanchie pour 60 dollars (ou euros) par mois, ce qui me paraît plus qu'honnête. Surtout dans ces conditions.
Il a fait un temps magnifique aujourd'hui à Samarkand, voire même chaud et étouffant (entre 25 et 27 degrés), et ce soir il faisait bon, après la chaleur de la journée c'était très agréable. Mais il s'est mis à pleuvoir à verse en fin de soirée sans pour autant trop rafraîchir la température ; le climat a l'air un peu bizarre ici. Demain, dimanche, je vais visiter Samarkand avec Narguiza.