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11 avril 2007 3 11 /04 /avril /2007 00:56

Récit de Gaëlle qui a vécu 8 mois en Ouzbekistan. Ces lettres sont des e.mails qui racontent sa vie de tous les jours au pays des coupoles turquoise.

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Le : lundi 14 avril 2003
 
Hello !

Me voici enfin arrivée à Samarkand et ce, non sans mal… D'entrée de jeu, j'ai été confrontée au folklore du pays, ce qui m'a tout de suite mise dans l'ambiance.
Quand je suis arrivée à l'aéroport, Atham, le représentant à Tashkent de l'entreprise où je fais mon stage, devait venir m'accueillir. Déjà, il est arrivé avec plus d'une heure de retard, heure pendant laquelle je me suis fait harceler par les taximen qui avaient flairé en moi une cliente potentielle richissime à leurs yeux. Ils me proposaient même de m'emmener directement à Samarkand eux-mêmes. Je n'ose imaginer la note salée qu'ils m'auraient présentée…
Finalement, mon sauveur est arrivé, ce qui m'a grandement soulagée, et nous avons justement pris l'un des taximen qui me tournaient autour. Ils m'ont emmenée jusqu'à la gare routière et là, Atham m'a trouvé une voiture privée qui allait jusqu'à Samarkand.

Le voyage de trois heures m'a coûté 5 euros, ce qui est une somme relativement honnête pour un voyage aussi long en voiture privée. Le conducteur emmenait aussi à Samarkand des amis qui le payaient également. Le co-voiturage a l'air très en vogue ici, il faut dire qu'il y a moins de voitures qu'en France et que les gens ont un pouvoir d'achat beaucoup moins élevé. J'ai donc partagé la voiture (une Volga, vous vous en doutez) avec un couple et leur petite fille de deux ans, un homme seul et le conducteur.

La conduite en Ouzbékistan est relativement folklorique. La loi est simple : c'est celle du plus gros ou du plus rapide. On double par la droite, on fait des écarts monumentaux pour éviter les nids de poule de 10 cm de profondeur, on klaxonne à tout bout champ pour demander le passage à la voiture de devant, etc.…
C'est en cela que l'Ouzbékistan se rapproche énormément de certains pays orientaux, comme l'Inde par exemple. En 3 heures de route, j'ai cru y mourir 100 fois, comme j'avais cru mourir 100 fois sur les routes de l'Inde… Et puis, l'autre caractéristique qui rapproche ce pays à l'Inde, c'est l'ambiance générale du pays.

La pauvreté omniprésente côtoie la richesse de bâtiments magnifiques. L'exemple le plus frappant se retrouve à Samarkand qui possède des mosquées, medersas, mausolées et autres bâtiments à vous couper le souffle, mais qui, à côté de ça, se trouve être une ville relativement banale, voire laide si on y regarde de près, héritage d'un passé soviétique qui a grandement contribué à défigurer le paysage.
A Tashkent (qui se dit Toshkent en ouzbek), à peine entrée dans le cœur de la ville, je voyais déjà des carrioles tirées par des chevaux, des tracteurs et quelques ânes par-ci, par-là et des gens qui font leur courses au marché avec des landaus en guise de caddie. Ambiance indienne assurée ! Sur "l'autoroute", on croisait ou doublait régulièrement des carrioles tirées par des bêtes de somme ou des jeunes garçons perchés sur leur âne trottinant.

La route entre Tashkent et Samarkand est une sorte d'autoroute (je l'appelle comme ça car elle était à deux fois deux voies séparées par une barrière au milieu), au bord de laquelle on pouvait voir de temps à autre un ou deux hommes (ou plus souvent adolescents), accroupis à l'indienne (ou à l'arabe), en train de discuter entre eux ou tout simplement de regarder bêtement passer les voitures pendant que leur vache, cheval ou âne paissait tranquillement dans la pollution environnante.
Nous avons longé également des champs où l'on pouvait voir une petite dizaine de paysans et paysannes en train de bêcher à la main des champs de la taille de ceux que l'on retrouve dans le Bassin parisien ! Cela avait un côté très moyenâgeux qui n'était pas sans rappeler l'Inde encore une fois.

La différence majeure entre l'Ouzbékistan et l'Inde, c'est le respect de la femme. Rien à voir avec les veuves sati indiennes ou les femmes voilées des pieds à la tête. Ici et surtout en dehors des zones urbaines, les femmes portent juste un voile sur la tête mais la raison est plus culturelle que religieuse.Etant donné la chaleur estivale qui règne dans le pays, c'est une tradition que l'on n'a aucun mal à comprendre. De plus, les femmes ne sont pas les seules à avoir des couvre-chefs. Les hommes portent également des sortes de calots (des chéchias même, puisque c'est un pays turcophone) colorés et brodés. Dans les villes, les jeunes femmes et filles s'habillent à l'occidentale, sans les excès, toutefois, des shorts très courts, des minijupes provocantes et des tenues vulgaires que l'on rencontre chez nous.

Le paysage n'est, par contre, pas vraiment comparable à celui de l'Inde. La végétation rencontrée pendant le voyage m'était très familière : peupliers, bouleaux, conifères diverses, arbres fruitiers communs, etc.…

Samarkand est à environ 290 km de Tashkent. Les voitures peuvent aller sans problème à 130-140 km/h mais peuvent difficilement excéder cette vitesse en raison de l'état déplorable des routes (cf. : la profondeur des nids de poule ci-dessus décrite).Là, je parle de la route entre la capitale et la deuxième ville du pays, donc la route que je suppose être la plus fréquentée et sûrement la mieux aménagée. Je n'ose imaginer l'état des infrastructures du reste du pays. Sur le chemin, j'ai assisté plusieurs fois à un goudronnage très dilettante de la route : les ouvriers posent avec leur pelle des tas de goudron fumant dans les nids de poule et, ensuite, ils étalent le goudron, à la pelle également …

Cette route passe par le Kazakhstan (et oui, à peine arrivée en Ouzbékistan, je vais déjà faire un petit tour au Kazakhstan…), car elle a été construite à une époque où les deux pays faisaient partie d'une même entité et où l'on ne se souciait pas de savoir si cela pourrait poser un problème en cas de séparation des deux pays. On passe donc par 6 postes de contrôle : la police ouzbèke, la douane ouzbèke, la police kazakhe, la douane kazakhe et à nouveau la douane et la police ouzbèkes.

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commentaires

P
le début du récit est passionant, il va falloir que je prenne le temps de lire la suite...Bon dimanche
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M
alors, vaut mieux avoir un camion... sourire..on va plus vite!! Je vois que j'avais pas pris le voyage par le début....
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F
Bises Marilou /Qelle mémoire pour le 11 avril...Merci pour elle....je vois ta mémoire en forme dans ce texte aussi...pense à poser une carte de tes voyages pour situer...bon après midi à toi.
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F
C'est parti!  en route pour l'aventure....bonne journée à toi Bises
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